Futile

Ah! Futile fut-il d’y songer un instant
Utile eut-il été de ne point en parler
Mais la chose fut faite en vraiment peu de temps
Et l’horreur arriva sans savoir où aller.

C’est toujours après coup qu’on peut se rendre compte
Qu’on n’aurait jamais dû s’en mêler, oh que non!
On devrait bien se taire quand une envie monte
De parler de ces choses qui n’ont pas de nom.

C’est quand même drôle, ce qui peut arriver
Quand on se préoccupe de ce qui n’est pas
Dans ce qui nous concerne; peut-on entraver
Certains déroulements sans risquer le trépas?

Ah! Futile fut-il d’entraver ces débats
Utile eut-il été de bien s’y abstenir
Mais peut-être a-t-on pu rendre vain le combat
Et l’entente nouvelle peut, là, s’obtenir.

Sans objet (Dérive)

Qui est-elle, celle que je voudrais aimer
À quoi ressemble-t-elle, peut-elle exister?
Je la cherche sans cesse de tous les côtés
Seul sur un vieux radeau, je ne fais que ramer.

Un petit quai, au loin, qui se pointe le nez
M’a fait, je le crois bien, le signe d’y aller
Et puis me fait comprendre, par des mots parlés
Que l’amarre est prise; mon cœur est fané.

Pourquoi vais-je toujours vers des quais occupés
Ou qui, finalement, ne m’étaient destinés
Mon bateau en a assez de se promener
Sans qu’un quai veuille un jour une amarre attraper

Je voudrais que demain un joli petit quai
D’un air doux et conscient me dise d’approcher
Qu’à son cœur je puisse mon amarre attacher
Et qu’enfin du bateau je puisse débarquer…

D’autres conneries

D’autres conneries
Lubrifiant l’âme
Sortant le rire
Par tous les pores

D’autres conneries
Qu’on peut écrire
Ni le jour, ni l’heure
N’est précisé

D’autres conneries
Un deux trois je m’en vais…
Tapette à mouche
Esprit vidé

D’autres conneries
Pour exciter
Le mauvais du corps
Ça fait du bien

D’autres conneries
Que je peux écrire
Sur une feuille seulement
Pour la noircir

D’autres conneries
Pour sortir le méchant
Ça aide à mieux penser
Ça permet de libérer

D’autres conneries
Ça dure une page
Comme un vieil adage
C’est long longtemps

D’autres conneries
On ne se tanne
Jamais vraiment sauf
Quand c’est assez

D’autres conneries
Là c’est assez
Je suis vidé
D’autres conneries.

Oups!

Une erreur s’est glissée sous une feuille de papier
Pour apparaître au jour tout comme une eau qui sourd
Une faute soudaine a fait bien de la peine
À qui l’a reconnue comme venant de son fût.

Une erreur oubliée a tout fait chavirer
Brisant sans un détour les chemins du retour
Une faute qui traîne a fait faire une scène
À des gens prévenus qui l’avaient reconnue.

Une erreur ébruitée par un messager
Par un homme qui court sous une chaleur de four
Une faute, sains haine a brisé une chaîne
A permis un refus qui jamais n’était dû.

Une erreur ennuyée de tout mélanger
Les feuilles qui se bourrent, écrasées par un tour
Une faute incertaine par la route qui mène
Ailleurs est disparue et nul ne l’a revue.

Électrons

Quand je fis le vide en moi
J’eus la crainte de voir changer
Les électrons pour du papier
Comme c’était à chaque fois

C’était à chaque fois que
L’on voyait clair comme dans sa peau
Maintenant il me semble que
C’est ici qu’il fait trop chaud

Ce fut la fin, la fin de tout
Ça me prit à la gorge, partout
C’était la fin du silencieux
Le ciel silence jusqu’à nous deux

Mais encore le vent souffla,
Souffla sans fin, sur moi siffla
Il prit la porte et les ciseaux
Les électrons s’en furent dans l’eau.

Elle a chu

S’il n’était que fat
Sans marcher sur le sol
Si elle n’était pas allée là
Elle aurait pu aussi
Tomber sur le dos

Elle allait, sourire serré
Vers l’endroit où était son ami
Mais elle est tombée, molle
Elle a chu, tombé, car
La vie ne l’avait faite forte

Quand elle jouait sur son piano
Quand elle allait, de crescendo
Jusqu’à la fin des temps
Cette musique sans mesure
Mais sa blessure était mineure

C’est ici qu’on tient la clef
Elle est retombée bien croche
Peut-être était-elle blanche
Ou avait-elle bu et était ronde
Mais jusque chez elle il l’a portée…

En avec «T»

Comme un chien pataud, bavant
Se tourne, se retourne, Gémissant
Mille fois marcher sans fin jusqu’à l’eau
Je suis malade

Lit blanc maintenant taché de sang
Le grand corridor, la lumière éclatant
Elle viennent souvent, moi couché sur le dos
Je suis malade

Le jour pénible après l’aube venant
Se verra peut-être attendre patiemment
Que les tremblements quittent ma peau
Je suis malade

Puis enfin le soleil, les yeux m’éclairant
Me font mal, mais c’est bon de vivre pleinement
Je sors enfin d’ici, j’aime revoir le beau
J’étais malade

Je l’sais-tu, moi?

Quelle importance vous faut-il
Pour comprendre ceci, cela
Sans qu’on vous torde le bras
Apprenez donc avant mille ans

Il y a ici bien des choses qui rampent
Dans vos têtes vides ou pleines de vide
De gros visqueux sans queue ni tête
Le doute de la confiance bannie

Qu’y a-t-il pour votre service
Pour ouvrir votre tête aux idées
Nouvelles ou anciennes qui entrent
Sortent aussitôt de l’autre côté

Race de pauvres diables nus
Pauvres diables nus et laids
Ou rien n’entre, d’où rien ne sort
Où règne le néant le plus profond

Comment pourrais-je, moi, vous aider
Quand le vieux debout n’y peut rien
Il ne s’agit que d’écouter
Mais d’oreilles vous n’avez point.