Elle a chu

S’il n’était que fat
Sans marcher sur le sol
Si elle n’était pas allée là
Elle aurait pu aussi
Tomber sur le dos

Elle allait, sourire serré
Vers l’endroit où était son ami
Mais elle est tombée, molle
Elle a chu, tombé, car
La vie ne l’avait faite forte

Quand elle jouait sur son piano
Quand elle allait, de crescendo
Jusqu’à la fin des temps
Cette musique sans mesure
Mais sa blessure était mineure

C’est ici qu’on tient la clef
Elle est retombée bien croche
Peut-être était-elle blanche
Ou avait-elle bu et était ronde
Mais jusque chez elle il l’a portée…

En avec «T»

Comme un chien pataud, bavant
Se tourne, se retourne, Gémissant
Mille fois marcher sans fin jusqu’à l’eau
Je suis malade

Lit blanc maintenant taché de sang
Le grand corridor, la lumière éclatant
Elle viennent souvent, moi couché sur le dos
Je suis malade

Le jour pénible après l’aube venant
Se verra peut-être attendre patiemment
Que les tremblements quittent ma peau
Je suis malade

Puis enfin le soleil, les yeux m’éclairant
Me font mal, mais c’est bon de vivre pleinement
Je sors enfin d’ici, j’aime revoir le beau
J’étais malade

Swiledlidlum

Swiledlidlum, sans cesse
Crié par les toits, hurlé
Les oreilles (dé)bouchées par
Les bruits insoutenables

Un gros transport ailé
Survient vrombissant, crachant Swiledlidlum
Traits à la craie au ciel
Vent disperse après le temps

Distributeur sombre
Swiledlidlum s’échappant
D’un tuyau, même chose, mais -pement
Étouffe l’air qui ne respire plus

Maritime noirceur
Collante, les plumes engluées
D’un volatile s’étant aventuré
dans le Swiledlidlum

Qu’on le nomme pollution, smog
Détriments d’hydrocarbures
Il reste Swiledlidlum
L’herbe verte n’en prend

Chauffard

C’est un fait qui nous poursuit
Assommant les autres qu’il observe
Sur sa route fleurie de macadam
Sans rien, vide de tout obstacle

Que dire en le rencontrant
Sinon, onomatopée de douleur
Ensuite, nous écroulant
Disparais de son chemin, andouille

Quelle est la faute de qui
Se retrouve étendu sur son gourdin
Parfois, sans vie, ou même mort
C’est un fait qu’il est le plus fort

Voyons, à quoi donc penser
Mort, étendu sur la chaussée
Lui, continue son chemin
Où arrêt il n’y a point

Trou de vide

C’est ici qu’il y a trou
Trou d’air, de terre, ou d’eau
Sables mouvants sans fond creux
Jusqu’aux enfers souterrains, humides et chauds

C’est ici que le trou prend
Son envol parmi les sables
Gare à ceux qui tomberont dedans
Un châtiment horrible t’attend

C’est là qu’il est sans vie
Vivant des âmes endormies
Réveillées quand il a fini
C’est ainsi qu’ici je vis

Je vis le trou plein, empli
De terres arides, avides de sécheresse
Mais pourquoi y tombai-je, sans prix
Pourquoi ne fut-il pas bouché

Depuis longtemps je vis ici
J’attends l’âme sœur qui perdra pied
Qui viendra ici, me rencontrer
Parmi les pierres offensées.

Je l’sais-tu, moi?

Quelle importance vous faut-il
Pour comprendre ceci, cela
Sans qu’on vous torde le bras
Apprenez donc avant mille ans

Il y a ici bien des choses qui rampent
Dans vos têtes vides ou pleines de vide
De gros visqueux sans queue ni tête
Le doute de la confiance bannie

Qu’y a-t-il pour votre service
Pour ouvrir votre tête aux idées
Nouvelles ou anciennes qui entrent
Sortent aussitôt de l’autre côté

Race de pauvres diables nus
Pauvres diables nus et laids
Ou rien n’entre, d’où rien ne sort
Où règne le néant le plus profond

Comment pourrais-je, moi, vous aider
Quand le vieux debout n’y peut rien
Il ne s’agit que d’écouter
Mais d’oreilles vous n’avez point.