Grouille

Rien ne va plus
Les jeux sont faits
Encore foutus
Fiche-moi la paix

J’ai pas le temps
De te parler
Ça c’est urgent
Faut travailler

C’est difficile
De tout comprendre
L’air imbécile
J’voudrais me pendre

La fin est proche
Peut-être demain
J’veux pas être poche
À l’examen.

Écrire en bleu

Voilà tout un défi
C’est juste faire comme
Tout le monde presque.

Être bêlant une autre fois
Attendre juste un peu la progression
Écrire sans fin jusqu’à ce que
Plus rien ne frappe l’œil.

Mais voyons ça ne vient pas
Le changement ne fut
Pas assez brusque marquant
Le contraste est toujours.

Énorme comme une couleur
Indescriptible, une nouvelle teinte
Innommable, immuable.

Mais ça ne vient pas ici
Le nouveau est trop loin
On verra un autre jour.

Halloween

Une nuit peu profonde
Transe du néant
Assujettie à l’extrême
Des peurs profanes exhibées

Un espoir achevé
Fête colorée si sombre
Nul identifié, masqué
De ces peurs immondes

Aujourd’hui remplacé
Par des bêtises
Lorsque manquent les friandises
La fatigue de l’estomac suit

Occasion subtile
De se réjouir grâce
À des peurs d’antan
Révolues.

Remplir le vide

Des mots bien enchaînés qui ne veulent rien dire
Des idées reculées sans fondement posé
Remplir ligne après ligne de si vains soupirs
Et tout sort de ma tête au lieu d’y entrer.

Il est vrai qu’en ce monde ridicule ne tue point
Pas encore à vrai dire et on ne sait jamais
Ce que demain emmène là toujours plus loin
De paroles futiles de guerre ou de paix.

Assiégé mon esprit de ce vide si confus
De ce chaos immonde, néant tant profond
Il a peine à dire et plein de refus
Tant ces mots inutiles bien arrangés sont.

La parole abrupte d’un maître immonde
Vaudra toujours infiniment plus que cela
Et si jamais j’entends encore dans ce monde
Pareil vide je dis que je m’en vais de là.

Brise

Trois pas sur le ciment craquelé
Avec de petites sandales à talons hauts
Le vent qui souffle dans ses oreilles
Elle entend le bruit du monde.

Un type passe
Ce doit être un type bien
Il promène son chien… beau chien
Se dit-elle.

Des mots passent dans ses yeux
Sans fin
Fondant sous la chaleur
De l’ombre fraîche.

Bien des reflets métalliques
Parsèment la rue à toute vitesse
Elle attend peut-être quelqu’un
Un type bien aussi sans doute.

Le vent pousse une canette vide
Lui fait penser à
Sa vie avant
Un jour.

Ignorance

Il a neigé sur les cèdres
Tard le soir
C’était la fin du monde
Et elle aussi avait

Son infinité, dignité à
Dire ce qu’elle en pensait
Sans trop se soucier
De la pluie blanche

Le jour, elle fuyait la nuit
De brillance en étoile
Pour ne pas sombrer dans
Un oubli trop connu

L’inconnu qui fait toujours si peur
Aux enfants gris
Cette nuit pâle
Assis là-bas.

La plèbe consultée
N’en finit plus de gémir
Pour ne moins penser
Qu’à d’autre choses

Solitude

Perdu dans la ville
Perdu dans la foule
Nulle compagnie dans
Cette multitude mouvante.

La quête éternelle pour
Se mettre sous la dent
Quelque trognon
Suppliant dans l’ignorance.

Ceux-ci vont
Déplacement continu
Toujours moins lent
Jamais plus de temps.

Quelques sous de plus
Dans sons chapeau il va
Ailleurs pour être
Seul parmi d’autres millions.

Discernement

Un grand frisson me parcourt
Mais je n’ai pas froid
Mon souffle se fait profond
Je ne respire plus.

J’ai une crampe dans la jambe
Ah, ça fait du bien
Une douce musique
Qui me crie dans la tête.

D’une vérité qui blesse
Ou un pieux mensonge
D’une parole célébrant
Un silence de mort.

Je dors profondément
Les yeux grand ouverts
Quelconque lumière ne peut rien
Contre cette noirceur.

D’un trou si profond
En surface
J’en suis sorti, enfin
À mon grand désarroi.

Extrême

D’un bout à l’autre, sans fin
ni arrêt ni peur
Près de la sottise, si peu sain
que jamais ne meurs

Mais pourquoi donc aller
jusqu’à ces limites sises
Ne jamais parler
que de l’exploit qu’il vise

Cruel en soi
pour lui-même en forme
Pousse jusqu’au bout sans loi
et que jamais ne dorme.

La réponse à ces question
le plaisir sans doute
De ne point observer la raison
et foncer sous la route.

Image

Superbement frigorifiée
Malgré le feu qui brûle
Qui crépite en-dedans
Sous le douillet peignoir blanc
Féal sans condition.

Elle posée devant cette impie
Image de la bête
La Bête venue des tréfonds
D’un endroit innommable
Mais elle n’a pas peur.

Une goutte de sang perle
Au bout de son doigt pâle
Doigt si fin et frêle
Douée d’un mouvement subtil
Elle tache l’éponge blanc.

Affolée de cette couleur
Qui ne point sied à cette engeance
Qui fait contraste à l’ordinaire
L’image tangue et puis balance
Puis disparaît sans un seul son.