Bis!… Bis!…

Quoi?
Quossé ki veulent?
Comment ça, encore?
C’est pas assez?!?

J’arriverai maintenant, un jour
Canne à la main
Cheveux blancs
Vieux.

Je dirai ma dernière farce
Je sortirai un dernier mot
J’écrirai un dernier vers
Je boirai un dernier verre.

Puis je lancinerai
Vers la sortie, fini
Et tout ce qu’on trouvera
À me dire pour mon repos c’est

Bis!… Bis!…

Le méchant

Il s’amène vers la fin de la mort
Vivant comme un couteau qui s’enfonce
Comme une lame qui coupe la chair
Arme de métal dur qui coupe la vie

Infiniment plus fort que son supérieur
Inférieur à lui-même et c’est tout
Quittant la paix qui ne l’habite plus
Il roule vers la ville

Un revolver chargé, prêt à tirer
Sur quiconque bouge un orteil
C’est pas drôle de se retrouver dans
Le petit trou qui fixe.

Et tout se fait ensuite
Rapidement, la suite
Ne se fait pas attendre
L’œil semble tendre
Vers son semblable
Et tu es mort
Et lui trouve ça
Drôle.

D’autres conneries

D’autres conneries
Lubrifiant l’âme
Sortant le rire
Par tous les pores

D’autres conneries
Qu’on peut écrire
Ni le jour, ni l’heure
N’est précisé

D’autres conneries
Un deux trois je m’en vais…
Tapette à mouche
Esprit vidé

D’autres conneries
Pour exciter
Le mauvais du corps
Ça fait du bien

D’autres conneries
Que je peux écrire
Sur une feuille seulement
Pour la noircir

D’autres conneries
Pour sortir le méchant
Ça aide à mieux penser
Ça permet de libérer

D’autres conneries
Ça dure une page
Comme un vieil adage
C’est long longtemps

D’autres conneries
On ne se tanne
Jamais vraiment sauf
Quand c’est assez

D’autres conneries
Là c’est assez
Je suis vidé
D’autres conneries.

Mouche

La nuit gourmande d’un noir assommant
Ténèbres incertaines, grisâtres, plus que sombres
Autour d’un feu d’hiver froid
Bouillant d’une fièvre malade

Certaines des paroles déjà prononcées
Se révèlent assommantes par endroits
Car leur sens profond ne sera révélé
Ni-z-à vous ni-z-à moi.

Une mouche à la voix chevrotante
S’achemine bruyamment dans mon aire de repos
Elle s’oppose à la colère d’une chose contondante
Qui la fera voler mais cette fois sur le dos.

Transparence d’ailes contraste
D’un noir profond mais ennuyé
La nuit avance d’une lenteur inconcevable
Elle suit sa routine, la mouche l’accompagne.

Oups!

Une erreur s’est glissée sous une feuille de papier
Pour apparaître au jour tout comme une eau qui sourd
Une faute soudaine a fait bien de la peine
À qui l’a reconnue comme venant de son fût.

Une erreur oubliée a tout fait chavirer
Brisant sans un détour les chemins du retour
Une faute qui traîne a fait faire une scène
À des gens prévenus qui l’avaient reconnue.

Une erreur ébruitée par un messager
Par un homme qui court sous une chaleur de four
Une faute, sains haine a brisé une chaîne
A permis un refus qui jamais n’était dû.

Une erreur ennuyée de tout mélanger
Les feuilles qui se bourrent, écrasées par un tour
Une faute incertaine par la route qui mène
Ailleurs est disparue et nul ne l’a revue.

Duplicité libre

Je suis ici
Au dessus de ma page blanche
En peine du bien
Qui me fait mal

Je suis là
Assis devant mon écran bleu
En attente des mots
Libérat- (ion, eurs)…

Je suis le fil
De mes idées
En impatience déplacée
Impeccable saleté

Document un, page zéro
Ligne 19, position 20
C’est la fin de tout
Qui débute à son départ

J’essuie, las
Deux vents, mon nez, cran bleu
Anna, tente, démo
Lit, baie, rat (ion+, heurts)
Liberté bernée

Autre titre débile

Un deux, trois
Cueillir des petits pois
Quatre, cinq, six
Mourir, empoisonné par l’air de plouc du voisin

Sept, huit, neuf
Couper des tranches de bœuf
Dix, onze douze
Couteau dérape, se plante entre côtes

C’est même pas drôle
Si au moins ça l’était
Mais le drame de la vie
C’est même pas drôle

Non, pas vraiment, pas vraiment
Sûrement
C’est même pas drôle
Bon.

Électrons

Quand je fis le vide en moi
J’eus la crainte de voir changer
Les électrons pour du papier
Comme c’était à chaque fois

C’était à chaque fois que
L’on voyait clair comme dans sa peau
Maintenant il me semble que
C’est ici qu’il fait trop chaud

Ce fut la fin, la fin de tout
Ça me prit à la gorge, partout
C’était la fin du silencieux
Le ciel silence jusqu’à nous deux

Mais encore le vent souffla,
Souffla sans fin, sur moi siffla
Il prit la porte et les ciseaux
Les électrons s’en furent dans l’eau.

Sans raison

Encore eût-il fallu
Qu’on voulut que je l’eus
Que je le fisse et que
L’on me permit de l’être

Mais non, on ne voulut
Que je l’eusse ni fisse
Ce que je voulait car
Ce ne fut pas aimé

La négation du possible
Vint d’une personne tierce
Qui sans lien se trouva
Avec les concernés

Ridiculement il déclama
Ne pas entendre mais
Entend-on quelque chose
Quand aucun bruit ne sonne?

Lorsque je voulus
Entendre ce qui fut dit
La porte ayant claqué
M’en allai sans me soucier.

Elle a chu

S’il n’était que fat
Sans marcher sur le sol
Si elle n’était pas allée là
Elle aurait pu aussi
Tomber sur le dos

Elle allait, sourire serré
Vers l’endroit où était son ami
Mais elle est tombée, molle
Elle a chu, tombé, car
La vie ne l’avait faite forte

Quand elle jouait sur son piano
Quand elle allait, de crescendo
Jusqu’à la fin des temps
Cette musique sans mesure
Mais sa blessure était mineure

C’est ici qu’on tient la clef
Elle est retombée bien croche
Peut-être était-elle blanche
Ou avait-elle bu et était ronde
Mais jusque chez elle il l’a portée…