Dilemme

Pas la voix, pas se taire
ici ça va bien
Pas le ciel, pas l’enfer
car là c’est trop loin
Pas l’amour, pas la guerre
où en est la fin
Pas sombre, pas lumière
si je ne vois rien
Pas devant, pas derrière
on n’est pas des chiens
Pas demain, pas hier
ce jour est le mien

Ni ouvrir, ni fermer
la clef est perdue
Ni le voir, ni cacher
comme j’aurais dû
Ni dire, ni penser
mon cerveau à nu
Ni crayon, ni papier
ce qu’ici je fus

Que le feu, que le froid
c’est dur d’être moi

Pas pleurer, pas sourire
à tous les passants
Pas rester, pas partir
sur d’autres versants
Pas veiller, pas dormir
tel est le présent
Pas début, pas finir.

Privé

Au fond d’une serrure
Couloir sombre vers là
Vers là y heures, bien sûr
Nul n’y voit que pas.

Ça bouge, bouge-toi
Bouge de là, au fond de
Nature pure qui fait foi
Pulsation, telle l’onde.

Que s’échappe en douce heure
Quel temps merveilleux
Strobophonie, Martin-Pileur
Plongeant du plus profond des cieux.

N’y a-t-il qu’une vérité
Des choses cette serrure foi faisant
Mais que ne quelques prix vautrés
Se livre à que ne ça court, amant.

Sinon

Sinon je ne pourrais espérer que par elle
La beauté même qu’elle soit d’ici, d’ailleurs
Sinon, comme une bombe sur la citadelle
Ne pourrai entrevoir quoi que soit la lueur.

Sinon, quand je verrai à quel point elle est belle
Et ne pourrai espérer en un jour meilleur
Sinon, comme un ange qui a perdu ses ailes
N’aurai plus d’aptitude qu’un mauvais rieur.

Sinon, si par hasard tout était éternel
L’étui vide de pluie formant la demi-heure
Sinon comme une étoile qui tombe du ciel
Frapperai sans répit tel un sot gaspilleur.

Sinon je ne pourrai espérer que par elle
Sa beauté même si elle est d’ici, d’ailleurs
Sinon, tel un répit pour cette citadelle
N’aurai plus rien à voir quoi que soit la lueur.

STUV ivant

Symbole sensé sensuel si suivi
Sourire signé sans signification
Sois sûre si ceux-ci se sentent sensibles
Sans sens, silence, sois strobophonie.

Tu tournes la tête, titillant le téton
Tu, tu t’étales et tentée elle te tâte
Tournant toujours tout autour, tyran, tyranne
Tu te tiens, tu t’exploses et tu taches.

Une union universelle unique
Un univers uni en ubiquité
Uniformité ultérieure ultime
Ulcérant l’urbanisme unanime.

Va, vis vite, vois ces visions vaines
Vertige vicié de vitesse verveuses
Vestale vexée mais vibrante, vois-tu
Vibrato vertueux, vivante volupté.

Mosak

La mosak au boutte
attisant les flammes
des danseurs
des buveurs
des solitaires
par les haut-parleurs
faisant sortir le
diable
au corps
de tous ces gens

Aucun ne pense à
demain
hier
Certains oublient
mettent de côté
n’y pensent plus
noient
tout pour un instant
Quelques-unes qu’on cale
avant le last-call
La mosak aidant à faire
passer
pisser
le tout

Plus fort
casse les oreilles
plus plus plus plus plus plus plus plus fort
Bang boum tsi que boum

Pis on n’entend pu rien
saouls
assaoulrdis.

Tentative d’usurpation de moi-même

D’où vient la crainte de l’usure
Passion des cœurs, passion dans l’infini
Façon facile de dure «We Are Us»
Eurent passion pour exprimer leur peine

L’idée futile que fit le singe
Dans sa continuité disgracieuse
Nous prit et fit sa tente
Active dans une expression profonde

Une généalogie montrant le lien
Entre l’usure et la passion
Fit de deux esses un thé, le manqua
Le blanc disparut, devint usurpation

Il tenta aussi bien que mal
De s’appliquer à autrui que néant
Mais ce fut tentative vaine
Je restai ce que je suis toujours.

Langage

Un langage, qui, inscrit dans l’éternité
Absorbe bien des âmes et aime à parler
Un langage joyeux plein de mots très salés
Ponctué de non-sens, de ce qu’il a été.

Lors des événements où nous aimions rire
Nous pouvions entendre ce qu’il voulait nous dire
Il est certain, dès lors, que nous pouvions écrire
Les beaux mots provenant de ce langage, et fuir.

Et plus tard, la chandelle qui aimait vibrer
Sous les airs de musique pleins de liberté
Paroles de ma langue, comme en plein été
Nous pouvions nous entendre sans rien altérer.

Lorsqu’il est bien écrit, ce langage est le beau
Plein de folles idées, imbu de mots nouveaux
Il aime apprendre ainsi de ses coéquipiers
Sans pourtant par ceux-là se laisser submerger.

Futile

Ah! Futile fut-il d’y songer un instant
Utile eut-il été de ne point en parler
Mais la chose fut faite en vraiment peu de temps
Et l’horreur arriva sans savoir où aller.

C’est toujours après coup qu’on peut se rendre compte
Qu’on n’aurait jamais dû s’en mêler, oh que non!
On devrait bien se taire quand une envie monte
De parler de ces choses qui n’ont pas de nom.

C’est quand même drôle, ce qui peut arriver
Quand on se préoccupe de ce qui n’est pas
Dans ce qui nous concerne; peut-on entraver
Certains déroulements sans risquer le trépas?

Ah! Futile fut-il d’entraver ces débats
Utile eut-il été de bien s’y abstenir
Mais peut-être a-t-on pu rendre vain le combat
Et l’entente nouvelle peut, là, s’obtenir.

Sans objet (Dérive)

Qui est-elle, celle que je voudrais aimer
À quoi ressemble-t-elle, peut-elle exister?
Je la cherche sans cesse de tous les côtés
Seul sur un vieux radeau, je ne fais que ramer.

Un petit quai, au loin, qui se pointe le nez
M’a fait, je le crois bien, le signe d’y aller
Et puis me fait comprendre, par des mots parlés
Que l’amarre est prise; mon cœur est fané.

Pourquoi vais-je toujours vers des quais occupés
Ou qui, finalement, ne m’étaient destinés
Mon bateau en a assez de se promener
Sans qu’un quai veuille un jour une amarre attraper

Je voudrais que demain un joli petit quai
D’un air doux et conscient me dise d’approcher
Qu’à son cœur je puisse mon amarre attacher
Et qu’enfin du bateau je puisse débarquer…

Un écrivain

Joyeuses ténèbres n’ayant peur que du vide
Affreuse ridicule trouant le gras du bide
Travaillons dans la joie à tout scraper encore
Pour détruire qui commence à être le plus fort.

Chorégraphie du bord faisant bouger le dur
Couplet d’un chant hideux faisant trembler le mur
Mode de vie futur n’étant pas corrompu
Les chevaux de combat dont les ailerons puent.

Indice obligatoire montant le débat
D’un sens dons le refuge est, plein d’idées, bas
Introduit à l’entente d’un texte radieux
Dont le contenu même n’est vraiment pas mieux.

Que la noirceur totale que tient celui-ci
Par ses propos bizarres qu’il écrit aussi
D’une plume, d’une encre si noire qu’on oublie
Que le papier sous elle, de fort a faibli.

Sa lampe allumée en un halo glacé
Éclaire sans confiance un texte épicé
D’illusions dissonantes, de faits relatés
Par un écrivain nul qui sa vie a raté.