Rompre les lieux

Si les pierres manquent sous l’abrupte montée
Si le vent y eut chu sans quelconque raté
Si peu lui en chaut de redire contraire
Qu’il arde à manquer ou à ne pas lui plaire

Si demain il eût pu encore du sol sourdre
Si d’un moment échu d’avoir suivi les ordres
Si retiré du temps qui sied avec regret
Qu’il ait occis le mieux pour pallier au progrès

S’il disait qu’il frirait à la vue du chaud astre
Si hier il gisait contemplant le désastre
Si en tout forfaire n’était qu’une autre option
Qu’il eût toujours failli à en faire adoption

S’il eût fallu le voir ramer sans aucun doute
Si ce don de clore sans que trop il en coûte
Si la fatigue ne l’empêchait plus de braire
Qu’il ait rompu les lieux et fini de se taire

Jasmin

J’aurai aimé redire l’absence
D’un état secondaire au temps
J’aurai haï ignorer ta présence
Ébloui de ton passage miroitant.

J’aurai pensé voir au-delà
De la source infinie de ton rêve
J’aurai vu acheter celui qui appela
Du mot immortel, un chant s’élève.

J’aurai voulu renverser la vapeur
Du doux matin froid et ridicule
J’aurai rêvé prendre le dessus de ma peur
Du temps qui jamais ne recule.

J’aurai dû refaire mon courage
Du quotidien aux ailes délabrées
J’aurai pu accepter enfin le mirage
De ce court instant, heureux mais sabré.

Cinq

Cinq ans bientôt, vite toujours
Et parfois lent, à oublier
Que sera fait de nous liés
Sans équivoque vit le jour

Pour le meilleur et pour le pire
Le beau fut là, pire non omis
Y survécûmes, comme promis
Mais le meilleur reste à venir

Tout se sent comme au jour premier
Et mieux encore, on évolue
Aucun regret du dévolu
Du vœu encor’ renouvelé

Mots semblant ne rien vouloir dire
C’est l’habitude, n’ai pas changé
Tu comprends tout sans déranger
Les mots n’en auront rien à fuir

À cette perle du doux jardin

À cette perle du doux jardin
Ce coquillage en plein matin
Un rubis éclatant en sanglots
Des écailles ils en ont plein le dos

Baguée comme une hirondelle
S’échappant de mimi sans collier
La parure qui parût telle
Qu’elle en sortait du joaillier

D’un or massif mais si léger
Au diamant gracieux scintillant
Lune opaline, ciel accueillant
Péridot [(Mg,Fe)­2SiO4] pouvant protéger

. . .

Dans le jardin pousse un glaïeul
Qui dicte sa fidélité
Aux feuilles l’or de tilleul
Qui ne voir Mars qu’en plein été.

Pétale

La rose fleur autant chérie
De cet étrange malhabile
Aimée en nulle mélancolie
Taisant sa verve volubile

La rose fleur apprivoisée
De retour de sa besogne aboutie
Elle s’en fut si fatiguée
S’étendre jusqu’au fond du lit

La rose fleur si délicate
Étendue sur l’oreiller délicieux
Elle devint plus écarlate
Elle monta aux septièmes cieux

La rose fleur colorée
Ne lui échappe rien jamais
Et toute en main sa destinée
Sans gène aboutir au fait

La rose fleur que j’ai cueillie
Si près et pourtant si loin
Tous ses pétales jamais enfuis
Avec moi je les garderai bien.

VQ

Il en vint quatre sauts pour tomber sur ses mains
Assise au bord de l’eau un chat sur ses genoux
Ronronnant à qui mieux sans soucier de demain
Et elle a plus encore à en dire que nous.

Vin qu’à trembler encore après tout l’avoir bu
D’un rouge des plus sombres qui coule ici-bas
À la pleine mesure qui n’a disparu
N’espérant ne voir celui qui la joie rabat.

Grave Inca triste ou non caché sur l’ornement
D’une banalité si gratuite, sans but
Tout autour vit celui qui tente apparemment
De chérir sans fléchir sa belle du début

Vingt-quatre caché trois fois dans des mots falots
Même si sens invisible reste à trouver
Celui qui chaque jour n’oublie point d’«Allo!»
Place tout en demain et t’aime sans compter

Il est dit que demain

Il est dit que demain, dans l’idée de l’amour,
Quelque chose de nouveau d’aujourd’hui on aura;
Moi je dis de demain, peu importe le jour,
Il n’est rien de nouveau qu’aujourd’hui je n’aie pas.

C’est à chaque minute, et à chaque seconde
Que le vent me rappelle ce qu’il veut m’offrir,
Mais moi d’un cri jailli d’une inspiration profonde
Je dis tout dans cela n’est que matière à rire.

D’un élan plus soudain que du chat la folie,
D’un amour plus profond que le lointain rivage,
D’une passion ardente si plus que le feu,

Adorée dans mon cœur autant que dans mes yeux,
Chérie à la puissance des mots, des images,
Je te veux avec moi, tu es toute ma vie.

Tendance

Je voudrais de ce jour que tu me sois si chère
Que je ne puisse pas passer minute sans toi
Que je sois pour toi autant moins que l’hier
Qui ne vaut pas la peine d’en être ignoré.

Il n’est rien que puisse bouger cette idée
Avant tout cet amour qu’on ne peut définir
Cet amour vérité et qui n’est tant rien autre
Avancé d’ici-bas rendu là entre nous.

Cet accès si fragile qui devra durer
Enforci de volonté et de ce désir
Si promis entre nous une union sans un doute
Ceci peut signifier l’avenir et la route.

Jamais je n’aurai de cesse à t’aimer.

Remplir le vide

Des mots bien enchaînés qui ne veulent rien dire
Des idées reculées sans fondement posé
Remplir ligne après ligne de si vains soupirs
Et tout sort de ma tête au lieu d’y entrer.

Il est vrai qu’en ce monde ridicule ne tue point
Pas encore à vrai dire et on ne sait jamais
Ce que demain emmène là toujours plus loin
De paroles futiles de guerre ou de paix.

Assiégé mon esprit de ce vide si confus
De ce chaos immonde, néant tant profond
Il a peine à dire et plein de refus
Tant ces mots inutiles bien arrangés sont.

La parole abrupte d’un maître immonde
Vaudra toujours infiniment plus que cela
Et si jamais j’entends encore dans ce monde
Pareil vide je dis que je m’en vais de là.

Procès

Je n’aurai jamais su quoi dire
En quête du bien de ma vie
De quelles choses à bannir
De quoi je peux dire ravi.

Cette réponse que donnai
À celui-là qui est le juge
Encore ce fut plus qu’assez
Que de fierté mais qui me gruge.

Quelques ratés dans le parcours
Peut-être rien sur le trajet
Que suis-je au fond de cette cour
Bien sûr je ne suis pas parfait.

Peu de défense m’est utile
Je peux assumer ce que j’ai
Choisi de faire du facile
Mais j’ai toujours pu avancer.