Grand-mère [sic]

Ne faisez pas confiance aux mots qui jousent
Ceux qui s’assisent sur leur face voilez
Sensé dire des propos censés
Dilemne sans palier ce problème

Les choses dont auxquelles ont aurait pu se fier
Ne seront point exprimer correctement
Comparées ensemble et préparées d’avance
Voire même dites enfin, pour conclure.

S’il serait possible d’améliorer
Le discours bien qu’il ne prend pas
Acceuillir le cauchemard dysfonctionnel
De la plateforme socialle

Signe distinguable d’une éducation chancelante

Le concert

Qu’il vienne à nouveau
Vendre son bruit assourdissant
Pendant faire le bien
Du plus profond de son souffle

Qu’il rate ainsi l’espoir
Dissout dans un espace restreint
De ces mots vains
Ses paroles sans aucun regret

Qu’il soit homme sans doute
Jamais sûr de rien
Chanté sa certitude
Sur ton épaule forte

Qu’il n’ait rien de mieux à dire
Ralentissant vers la fin
Après mille répétitions
D’un original cantique

Rompre les lieux

Si les pierres manquent sous l’abrupte montée
Si le vent y eut chu sans quelconque raté
Si peu lui en chaut de redire contraire
Qu’il arde à manquer ou à ne pas lui plaire

Si demain il eût pu encore du sol sourdre
Si d’un moment échu d’avoir suivi les ordres
Si retiré du temps qui sied avec regret
Qu’il ait occis le mieux pour pallier au progrès

S’il disait qu’il frirait à la vue du chaud astre
Si hier il gisait contemplant le désastre
Si en tout forfaire n’était qu’une autre option
Qu’il eût toujours failli à en faire adoption

S’il eût fallu le voir ramer sans aucun doute
Si ce don de clore sans que trop il en coûte
Si la fatigue ne l’empêchait plus de braire
Qu’il ait rompu les lieux et fini de se taire

La nuit furibonde

Parti à la poursuite d’une menace inexistante, d’un rendez-vous caché par le temps fini, ravigoré de ses idées rassurantes mais noires, d’une musique infinie divisée par le néant.

Tels furent les mots qu’il eût lu, n’eût été de la plèbe indignée lui barrant l’avenir, le ramenant au passé sans histoire, toujours rassurant, mais si circonscrit. Baillant dans son coude, il s’en fût, traînant derrière lui une ribambelle de riens biens ficelés.

Au loin on le vit, rassuré par sa peine et son futur antérieur, ramasser des cailloux pour en faire un tirage, innommable présage de son retrait imminent. Sous cette apparence bohème malsaine, rien de plus que ce qu’on pouvait imaginer sans douleur, sans frémir sous le rire impitoyable du soleil.

Quant à nous, indignes spectateurs de cette mascarade inexplicable, de cet assemblage hétéroclite de dires abstraits, lorsque le temps vînt, la nuit furibonde se glissa maladroitement au-dessus de nos pieds, les gardant au chaud d’une couette magistrale.

Le triomphe du néant

Je suis là, dans la rue, affichant mes idées comme on placarde une porte, comme on condamne une maison où la peste frappe. Un gros X blanc sur l’asphalte d’où surgissent deux lignes jaunes comme la corde qui me pend sous ce lampadaire orange. Drôle d’endroit pour mourir, n’est-ce pas ? Ce cher feu vert / jaune / rouge-plus-longtemps ne fait que retarder, ralentir une société qui veut toujours avancer vers la lumière, d’où je me balance, d’ailleurs, affichant mes couleurs (plutôt blanc) devant la place publique. Au loin, mes yeux auraient pu voir les fluorescents du McDo d’un côté, et ceux du K-Mart avec le K rouge qui ne fonctionne qu’à moitié — image de mon enfance — en plus d’un phare intermittent annonçant à des bateaux inexistants des rochers, icebergs sous-jacents soutenant une civilisation pleine de poteaux d’où je puis voir le monde de plus haut. Deux mètres, environ.

Les yeux du dragon me fixent m’épient, je rentre dans l’ombre, c’est l’ennemi ! Un souffle fragile sur un silence planant ¹. Je vois les lignes jaunes doubles du centre, puis devenant intermittentes quelques dizaines de mètres après le poteau du lampadaire d’où pend la corde qui passe autour de mon cou, retenant mes membres inférieurs à quelques mètres du sol.

Des bateaux passent sans m’adresser. Des routiers accélèrent en me voyant, d’autres, avec stupeur, ralentissent quelque peu puis passent, mon image étant sortie de leur tête depuis quelques secondes, une autre idée stupide l’ayant remplacée. C’est une belle ville, mais je finis par comprendre que finalement mon geste n’aura servi à rien. Personne ne fait attention à moi. J’ai quand même fait mon boulot. Je suis équitable. C’est la même chose pour tout le monde. Il y en a qui abusent, mais c’est pas mon job de les en empêcher. Je ne fais que signaler, moi.

Toujours pendu à cette corde, une longue vie défile devant mes yeux. Commencé ma vie à quelque part au nord de Sept-Îles, j’ai, encore jeune, été muté dans une métallurgie quelconque où — soit dit en passant — j’ai eu mon premier et seul tatouage. J’ai continué ma vie dans les entrepôts du Ministère des transports pour finalement terminer ma vie pendu ici, dans cette belle ville, où je meurs tranquillement, attaqué par les rigueurs temporelles, et où je me rends compte que ma vie a été assez vaine.

Le seul travail ayant un but que j’aie pu faire, c’est celui que je fais depuis que je suis pendu ici. Même si peu le remarquent, c’est mon tatouage qui passe son message. Ceux qui daigneront poser les yeux sur moi y verront, noir sur blanc, bien apparent : « 50 km/h max. ».

Je suis pendu sur un lampadaire de cette belle ville.

(¹ Noir Silence – La mort est au rendez-vous)

Arrêter le temps

Affairé à écrire, je ne me rendais pas compte que le temps passait. Et il passait vachement vite. Drôle de contraste, alors que quand on lit, le temps paraît s’arrêter.
Rien ne se perd, rien ne se crée, dit-on. Le temps qui paraît s’arrêter quand on lit, c’est l’auteur qui le fournit quand il écrit. Il ne faudrait pas se retrouver avec un manque de temps à la fin, et un surplus de temps serait chose inconcevable. Voilà aussi pourquoi les vieux livres semblent être plus longs à lire. Le temps qui leur est alloué est expiré, il faut qu’ils utilisent leur propre temps.

Je m’emploie à écrire, à vous permettre d’arrêter le temps. Cela semble si romantique, au fond. Un temps qui nous semble si banal quand on n’a rien à faire, si précieux quand on est occupé, temps doux, temps fou, d’une importance incomparable ou inavouée, à tous les âges de la vie. Un temps qui s’arrête quand on aime, quand on dort, quand on reçoit un coup, quand on meurt…et quand on lit.

Je vais parfois à la bibliothèque et je tombe sur des livres sur lesquels un auteur a passé dix ans de sa vie… Dix ans, c’est beaucoup de temps. Ça fait bien des secondes à distribuer aux fiers lecteurs, amis incontestés des mots.
Quel beau métier, tout de même. S’employer à créer les moyens d’arrêter le temps… temporairement, si j’ose m’exprimer ainsi !

J’entends le tic-tac de mon horloge numérique.

Il était un petit navire

Navire duquel s’en furent les rats qui sentaient les présages de la mort prochaine. Il est certain que ceux-ci étaient parfaitement lucides et soupçonnaient le sort qui les attendait s’ils n’accomplissaient pas la course prévisible vers la lumière. Ils n’auraient ja-ja-jamais navigué, sinon. Ils ont choisi de mourir noyés au lieu de subir les affres de l’horreur qui les attendaient sur ce bateau qu’on leur avait monté. Ils étaient naïfs tout de même, croire que toute cette mascarade était réelle. Pauvres petits rats, petits moutons noirs de quelques pouces qui se promènent en troupeau en suivant le guide. Suivez le guide, qu’y disaient, vous verrez du pays.

Ah oui, du pays ils en ont vu. En tout cas, ils en auraient vu s’ils avaient daigné jeter un œil hors de la cale au cours du voyage avant cet instant fatidique, au lieu de se goinfrer honteusement dans l’orgie la plus totale, le chaos forniquant avec le néant, mais pas le pays qu’ils auraient voulu voir quarante ans plus tôt.

Rats noirs ou blanc, apparence trompeuse, au fond ils sont tous aussi moutons que les autres. Il suffit qu’un se lève et coure vers de nouveaux détritus pour que la foule le suive et bientôt il n’y a plus rien. Goélands. Et maintenant il y a encore plus pu rien qu’à cet instant, car même ces rats ont disparu dans les eaux tumultueuses de l’océan, enchaînés par une peur indescriptible d’un châtiment imminent. Châtiment tout aussi fictif que le bateau sur lequel ils vivaient la débauche. Aussi fictif que leur débauche elle même.

C’est bête les illusions que l’on peut créer avec un réalisme si saisissant. C’est bête ma tête m’fait mal au cœur ¹. Ils ont choisi le repos, mourir pour apprendre à vivre, mais ils n’ont pas pensé que laisser vivre, c’est mourir quand il le faut ². Ils ont laissé vivre l’illusion en se sacrifiant à cause d’une illusion de danger. Le fallait-il ? Gang d’épais. Tandis que les instigateurs de l’illusion de fendaient la tronche, pliés en quatre en voyant sauter à l’eau ces petites bêtes apeurées pour rien. Rien criant la vérité trompeuse, un vrai mensonge bien fignolé, sans apparence d’erreur. Il y avait pourtant des défauts dans ces illusions, des défauts bien évidents pourtant, mais ces ratbéciles n’ont rien décelé ou n’ont pas compris en les voyant, tellement ils étaient subjugués par l’espèce de bonheur artificiel dans lequel ils étaient vautrés. Le stupre et la fornication, pourquoi pas ?

Il ne suffisait pourtant qu’un seul s’en rende compte et l’armée, ces rats dont la colère aurait grimpé en flèche, n’aurait fait qu’une bouchée de ces illusionnistes pas tout à fait parfaits. Mais ils n’ont rien vu et se sont laissés entraîner dans ce joli bateau où flotte l’arbre à sucre. L’emblème bleu, homologue amaryllis, ne fera plus la fierté de ces petits moutons rateux noyés dans l’océan gris de rejets de boue en glaise.

¹ Harmonium – Chanson noire (le bien le mal)
² Idem – Le corridor

Mouche

La nuit gourmande d’un noir assommant
Ténèbres incertaines, grisâtres, plus que sombres
Autour d’un feu d’hiver froid
Bouillant d’une fièvre malade

Certaines des paroles déjà prononcées
Se révèlent assommantes par endroits
Car leur sens profond ne sera révélé
Ni-z-à vous ni-z-à moi.

Une mouche à la voix chevrotante
S’achemine bruyamment dans mon aire de repos
Elle s’oppose à la colère d’une chose contondante
Qui la fera voler mais cette fois sur le dos.

Transparence d’ailes contraste
D’un noir profond mais ennuyé
La nuit avance d’une lenteur inconcevable
Elle suit sa routine, la mouche l’accompagne.

Autre titre débile

Un deux, trois
Cueillir des petits pois
Quatre, cinq, six
Mourir, empoisonné par l’air de plouc du voisin

Sept, huit, neuf
Couper des tranches de bœuf
Dix, onze douze
Couteau dérape, se plante entre côtes

C’est même pas drôle
Si au moins ça l’était
Mais le drame de la vie
C’est même pas drôle

Non, pas vraiment, pas vraiment
Sûrement
C’est même pas drôle
Bon.