Mouche

La nuit gourmande d’un noir assommant
Ténèbres incertaines, grisâtres, plus que sombres
Autour d’un feu d’hiver froid
Bouillant d’une fièvre malade

Certaines des paroles déjà prononcées
Se révèlent assommantes par endroits
Car leur sens profond ne sera révélé
Ni-z-à vous ni-z-à moi.

Une mouche à la voix chevrotante
S’achemine bruyamment dans mon aire de repos
Elle s’oppose à la colère d’une chose contondante
Qui la fera voler mais cette fois sur le dos.

Transparence d’ailes contraste
D’un noir profond mais ennuyé
La nuit avance d’une lenteur inconcevable
Elle suit sa routine, la mouche l’accompagne.

Autre titre débile

Un deux, trois
Cueillir des petits pois
Quatre, cinq, six
Mourir, empoisonné par l’air de plouc du voisin

Sept, huit, neuf
Couper des tranches de bœuf
Dix, onze douze
Couteau dérape, se plante entre côtes

C’est même pas drôle
Si au moins ça l’était
Mais le drame de la vie
C’est même pas drôle

Non, pas vraiment, pas vraiment
Sûrement
C’est même pas drôle
Bon.

Duplicité libre

Je suis ici
Au dessus de ma page blanche
En peine du bien
Qui me fait mal

Je suis là
Assis devant mon écran bleu
En attente des mots
Libérat- (ion, eurs)…

Je suis le fil
De mes idées
En impatience déplacée
Impeccable saleté

Document un, page zéro
Ligne 19, position 20
C’est la fin de tout
Qui débute à son départ

J’essuie, las
Deux vents, mon nez, cran bleu
Anna, tente, démo
Lit, baie, rat (ion+, heurts)
Liberté bernée

Sans raison

Encore eût-il fallu
Qu’on voulut que je l’eus
Que je le fisse et que
L’on me permit de l’être

Mais non, on ne voulut
Que je l’eusse ni fisse
Ce que je voulait car
Ce ne fut pas aimé

La négation du possible
Vint d’une personne tierce
Qui sans lien se trouva
Avec les concernés

Ridiculement il déclama
Ne pas entendre mais
Entend-on quelque chose
Quand aucun bruit ne sonne?

Lorsque je voulus
Entendre ce qui fut dit
La porte ayant claqué
M’en allai sans me soucier.

Elle a chu

S’il n’était que fat
Sans marcher sur le sol
Si elle n’était pas allée là
Elle aurait pu aussi
Tomber sur le dos

Elle allait, sourire serré
Vers l’endroit où était son ami
Mais elle est tombée, molle
Elle a chu, tombé, car
La vie ne l’avait faite forte

Quand elle jouait sur son piano
Quand elle allait, de crescendo
Jusqu’à la fin des temps
Cette musique sans mesure
Mais sa blessure était mineure

C’est ici qu’on tient la clef
Elle est retombée bien croche
Peut-être était-elle blanche
Ou avait-elle bu et était ronde
Mais jusque chez elle il l’a portée…

En avec «T»

Comme un chien pataud, bavant
Se tourne, se retourne, Gémissant
Mille fois marcher sans fin jusqu’à l’eau
Je suis malade

Lit blanc maintenant taché de sang
Le grand corridor, la lumière éclatant
Elle viennent souvent, moi couché sur le dos
Je suis malade

Le jour pénible après l’aube venant
Se verra peut-être attendre patiemment
Que les tremblements quittent ma peau
Je suis malade

Puis enfin le soleil, les yeux m’éclairant
Me font mal, mais c’est bon de vivre pleinement
Je sors enfin d’ici, j’aime revoir le beau
J’étais malade

Swiledlidlum

Swiledlidlum, sans cesse
Crié par les toits, hurlé
Les oreilles (dé)bouchées par
Les bruits insoutenables

Un gros transport ailé
Survient vrombissant, crachant Swiledlidlum
Traits à la craie au ciel
Vent disperse après le temps

Distributeur sombre
Swiledlidlum s’échappant
D’un tuyau, même chose, mais -pement
Étouffe l’air qui ne respire plus

Maritime noirceur
Collante, les plumes engluées
D’un volatile s’étant aventuré
dans le Swiledlidlum

Qu’on le nomme pollution, smog
Détriments d’hydrocarbures
Il reste Swiledlidlum
L’herbe verte n’en prend

Chauffard

C’est un fait qui nous poursuit
Assommant les autres qu’il observe
Sur sa route fleurie de macadam
Sans rien, vide de tout obstacle

Que dire en le rencontrant
Sinon, onomatopée de douleur
Ensuite, nous écroulant
Disparais de son chemin, andouille

Quelle est la faute de qui
Se retrouve étendu sur son gourdin
Parfois, sans vie, ou même mort
C’est un fait qu’il est le plus fort

Voyons, à quoi donc penser
Mort, étendu sur la chaussée
Lui, continue son chemin
Où arrêt il n’y a point

Trou de vide

C’est ici qu’il y a trou
Trou d’air, de terre, ou d’eau
Sables mouvants sans fond creux
Jusqu’aux enfers souterrains, humides et chauds

C’est ici que le trou prend
Son envol parmi les sables
Gare à ceux qui tomberont dedans
Un châtiment horrible t’attend

C’est là qu’il est sans vie
Vivant des âmes endormies
Réveillées quand il a fini
C’est ainsi qu’ici je vis

Je vis le trou plein, empli
De terres arides, avides de sécheresse
Mais pourquoi y tombai-je, sans prix
Pourquoi ne fut-il pas bouché

Depuis longtemps je vis ici
J’attends l’âme sœur qui perdra pied
Qui viendra ici, me rencontrer
Parmi les pierres offensées.

Je l’sais-tu, moi?

Quelle importance vous faut-il
Pour comprendre ceci, cela
Sans qu’on vous torde le bras
Apprenez donc avant mille ans

Il y a ici bien des choses qui rampent
Dans vos têtes vides ou pleines de vide
De gros visqueux sans queue ni tête
Le doute de la confiance bannie

Qu’y a-t-il pour votre service
Pour ouvrir votre tête aux idées
Nouvelles ou anciennes qui entrent
Sortent aussitôt de l’autre côté

Race de pauvres diables nus
Pauvres diables nus et laids
Ou rien n’entre, d’où rien ne sort
Où règne le néant le plus profond

Comment pourrais-je, moi, vous aider
Quand le vieux debout n’y peut rien
Il ne s’agit que d’écouter
Mais d’oreilles vous n’avez point.